Dans la patinoire de l’Iceberg, mercredi à 20h30, le froid piquant contraste avec la chaleur extérieure. Il faut dépasser les cris et les raclements de crosse sur la glace du terrain principal où s’entrechoquent les joueur de hockey. On pénètre alors dans une toute autre ambiance. Une dizaine de personnes, en mixité presque parfaite, se livrent à une activité aux rites encore mystérieux pour moi. Bienvenue au Curling club Strasbourg Kléber.

L’Eurométropole possède en effet son propre club de curling, ce sport d’origine écossaise souvent décrit par un mime éloquent de balayage frénétique.

« On est plusieurs à l’avoir découvert pendant les derniers JOs d’hiver, depuis un les amphis de la fac. On avait un creux dans notre emploi du temps le matin vers dix heures et c’était le curling qui était diffusé. », se souvient Lylia, qui boucle sa première saison au club.

C’est Dédé, le doyen de la séance , qui s’occupe de mon initiation. Devenu handicapé moteur suite à un accident, il se déplace en fauteuil sur la glace. « Après mon accident, j’ai pu continuer les deux sports qui me passionnent : le curling et le golf, qui existent tous les deux aux jeux paralympiques ! »

Il me propose au départ de pratiquer le geste de base pour apprendre à glisser sur la glace, en fente avant, dans une trajectoire rectiligne. Plus facile à dire qu’à faire. Dédé multiplie les consignes que mon corps et mon cerveau peinent à mettre en pratique : « levez les fesses », « tendez les bras », « ouvrez le genou gauche »… je fais en dix minutes plus de gainage que pendant le reste de ma semaine.

Un pied dans les starting-blocks, l’autre sur la semelle en Téflon et on pousse !

Malgré quelques chutes, et au bout de plusieurs tentatives, mes trajectoires commencent à dépasser le mètre et demi et à ne plus ressembler à un zigzag alambiqué. Il est temps pour moi de m’emparer de ma première pierre : une belle bête de presque vingt kilos tout de même.

« Un sport qui ressemble aux échecs »

Pour reposer mes cuisses flageolantes de tant de squats sur glace, je demande à François – un joueur confirmé – quelles sont les qualités qui font un bon joueur de curling. « C’est un sport complet, qui permet de travailler son équilibre, sa souplesse et sa précision. Mais au-delà de cette maîtrise technique, c’est avant tout un sport très stratégique. Comme pour une partie d’échecs, il faut anticiper les coups de l’adversaire et prévoir un plan d’action pour remporter le point. »

D’après lui, lorsque la maîtrise technique est atteinte (ce qui me semble absolument surhumain), les joueurs savent placer leur pierre exactement là où ils le souhaitent.

UN RAPIDE POINT REGLES

Deux équipes s’affrontent, généralement composée de quatre joueurs, pour placer leurs pierres le plus près d’une cible circulaire appelée « maison ». Un joueur lance, un autre lui indique la trajectoire optimale depuis la maison. Il s’agit du skip, qui s’occupe de la stratégie et joue en dernier. Enfin, les autres balayent pour modifier la trajectoire de la pierre ou lui permettre d’aller plus loin. On ne balaye que les pierres de son équipe. Un seul joueur (le skip) peut balayer une pierre adverse pour tenter de la faire sortir de la maison, une fois qu’elle y est entrée. Côté décompte des points : il faut être le plus près du centre pour marquer, les retournements de situation sont donc possibles à tout moment !

«  J’aime le côté familial et le travail d’équipe que demande ce sport », s’enthousiasme Benjamin, «  Nous sommes encore assez peu, on apprend vite à se connaître et l’ambiance est vraiment agréable. »

Un joueur pointe une direction, qui indique l’effet que devra prendre la pierre. Le balai marque l’endroit à viser.

La patinoire fermant pour l’été, le club s’offre des vacances et reprendra les entraînements en septembre, les mercredis de 20h30 à 22h30. Pour retrouver toutes les informations rendez-vous sur le site du Curling club Strasbourg Kléber ou leur page Facebook.

Chou-Marreur

Ses articles sont longs à lire, mais elle démarre au quart de tour. Dans le monde de la réalité véritable, Léa écrit des histoires plus ou moins farfelues. Entre deux plongées en science fiction, elle interviewe et pond du code.

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